Monstres, mon amour (part. 1)

Quand j’étais petit, une fois tous les dix, vingt ans, il y avait “Jason et les Argonautes” qui passait à la télé. En fait ça passait jamais, j’étais dégouté.
Parce que c’était tellement classe du début à la fin que c’était mon film préféré: Il était composé d’aventure, de baston, de monstres et de baston avec des monstres (ou des squelettes trop flippants), et tout ça était filmé ! On pouvait voir avec nos yeux la vraie réalité de la Grèce Antique telle qu’elle était réellement ! Même les monstres Grecs Anciens !


Un véritable combat Grec Ancien.

Or il se trouve que j’appris par la suite que les monstres du film étaient fabriqués par un type. Il faisait des petits monstres en caoutchouc avec du métal dedans, et il filmait ça en bougeant un peu les monstres petit à petit, une image à la fois.

À partir de là, tout est allé très vite, en plusieurs phases.
J’entrepris de créer moi-même mes propres créations grecques antiques avec le matériel disponible.


Allier “monstre hyper convaincant” et “tiroir de la cuisine”.

Si vous cherchez un moyen sympa et vite fait pour bricoler des dents de monstre super classes, pensez cure-dent. Ça fait des dents super.

Malheureusement, la pâte à modeler ne parvient pas à imposer une ambiance pro à vos créations.

Le type du cinéma faisait ses monstres en caoutchouc, ça bougeait. Mon super monstre en pâte à modeler, tout impressionnant qu’il était, n’ouvrait pas la bouche.

Au mieux ça aurait ressemblé aux trucs pour les enfants en pâte à modeler trop moche, genre avec des clowns, là. Je détestais ça.

Quelques années plus tard, je découvris qu’on pouvait se procurer du matériel semi-pro dans toutes les grandes surfaces.

En effet, les gens peu créatifs tartinaient le pourtour de leur évier avec du silicone, matière magique pour qui sait y voir des monstres de qualité.
Je compris l’importance du silicone en libre-service pour fabriquer des monstres beaucoup mieux.
J’ajoutai, pour le réalisme de l’ensemble, des yeux non-conçus en pâte à modeler mais en billes. L’effet était saisissant.


La qualité.

Vous remarquez que le monstre a une forme plutôt simple et irrégulière. Il y a une raison à ça.

Si il vous prend l’envie d’essayer de fabriquer des monstres mous en silicone pour les éviers, il est indispensable de connaitre deux ou trois trucs (de pro):

1- Le silicone d’évier, ça a la consistance d’un dentifrice qui ferait des fils qui collent, à peu de chose près. Il faut vous mettre dans la tête que vous allez faire une sculpture avec ça. Si vous essayez d’utiliser des outils, ça colle aux outils (et ça rajoute des fils).

2- Ne vous imaginez pas que vous allez le mouler, c’est physiquement conçu pour coller aux éviers: ça va coller à votre moule, sauf si vous mettez un truc qui glisse entre les deux. Ce qui nous amène au point numéro 3:

3- C’est une putain de saloperie. Ça se nettoie avec rien, c’est à la fois huileux, collant, résistant au savon. Vous allez vous en mettre plein les mains et elles deviendront hydrophobes pendant un temps incroyablement long. Le dernier truc que vous voulez faire avec ça, c’est rajouter de l’huile ou quoi EN PLUS (voir n°2).

4- Il y a deux couleurs: blanc ou translucide. La peinture que vous avez à la maison ne tient pas dessus.

Alors voilà. Ne me demandez pas comment, mais je m’étais aperçu que le joint de silicone, ça se dilue avec du white spirit. Ça devient liquide.

J’ai commencé alors ma phase 2 du silicone: le silicone liquide. Finis, les fils qui partent de partout et les formes irrégulières !

Il suffisait d’étaler de fines couches de ce liquide magique sur une forme (en mousse ou en scotch, pas grave, c’est à l’intérieur) et j’obtenais un monstre à la peau lisse et qui puait le white spirit.
Je me souviens parfaitement être ultra fier de mes créations super.


Allez je mets 4 yeux en billes pour plus de frisson professionnel.

J’avais même fabriqué une tête de monstre qui ouvre la bouche. C’était monté sur une pince à linge, et un câble de frein de vélo permettait d’ouvrir la bouche A DISTANCE, comme dans les reportages de mecs qui font ça à Hollywood.


Je vous met une idée de scénar avec, c’est gratos.

Par la suite, après être tombé sur une pub dans Mad Movies, je m’étais procuré un litre de latex liquide. Le type de la boutique m’avait rempli une bouteille d’évian en m’en faisant payer la moitié.

Ça m’a duré un temps fou, c’était magique.


Mes plus belles années.

Voilà, ça c’était l’intro. Mes jeunes années.

Depuis, je bosse beaucoup moins pour le cinéma, mais les monstres comme ça, ça m’est resté. J’aime bien les films où il y a des machins qui fonctionnent avec des câbles et des moteurs.
Et ça me prend régulièrement: il faut que je fabrique un monstre.

 

Du cinema portatif (part 2).

Si vous êtes déjà allé dans un hôtel, vous avez certainement remarqué un détail, comme quand vous pensez que vous devez remarquer quelque chose mais impossible de savoir quoi.

Regardez encore:


J’ai surligné la bonne réponse.

Mais oui ! Il y a une télé pour regarder des bêtises avant de dormir !

Mais la télé de l’hôtel présente deux inconvénients rédhibitoires:

- Elle mesure 10cm de diagonale.
- Elle ne capte que eurosport en italien.

Une solution simple: le téléphone.

Il dispose de tout un panel de films que vous avez mis dessus.

Mais le téléphone présente un inconvénient rédhibitoire:
- Il a un écran de la même taille que la télé de la chambre.


“Attention monsieur Frodon, un troll minsucule je le vois même pas!”

C’est un soir d’hôtel que me vint l’idée de coller la partie optique du Holmes Stereo Viewer (voir note précédente) d’un coté, un emplacement pour mon téléphone de l’autre, le tout englobé dans une fausse petite salle de ciné.

Avec un petit accordéon ça serait pliable comme un appareil photo classe, là, pour rentrer dans mon sac.
En plus c’est faisable en carton, j’ai les lentilles, j’ai le téléphone, roule ma poule.

Si vous avez bien suivi la note précédente, mais sinon c’est pas grave, il se trouve que les lentilles marrantes dont je parlais permettent de fixer un objet situé assez près avec ses deux yeux. Si vous essayez avec deux loupes normales ennuyeuses, ça marche pas.

C’est pas que c’est très nouveau comme idée, c’est juste que c’est incroyablement pas sorcier à faire. Il faut juste s’appliquer pour que ça tienne droit.


Roule ma poule, en route pour le magasin de carton.

Et voilà le travail, du carton, de la colle, deux lentilles bizarres. Et du velours noir à l’intérieur (pas de reflets partout, et on se croirait dans une toute petite salle de ciné).
Ça se pose sur un oreiller sur le ventre et ça fait une grosse télé devant les yeux.


L’engin fermé.


L’engin mi-ouvert.


L’engin ouvert.


Plus jamais eurosport en italien.

 

Du cinéma portatif (part.1)

Bonjour les amis. Je n’ai pas été bien présent ces derniers temps car quelques travaux en retard se sont accumulés. Maintenant tout est résolu car je ne retrouve plus mon ordinateur la dessous ! Fini les soucis, je peux enfin me livrer à mon occupation favorite: répondre en retard aux mails.

En attendant, il m’est arrivé un truc vraiment pas banal.

Vous savez comme moi que la 3d n’est pas un phénomène récent. C’est apparu très vite après l’invention de la photo: le public a rapidement été demandeur de photos de gens tous nus, puis de gens tous nus en relief.


La pointe du progrès en matière de gens tous nus.

On trouve aussi d’autres photos de trucs en relief.


Un pont.

Vous savez aussi comme moi qu’au 19eme siècle, l’amateur de technologie de pointe avait à cœur de posséder du matériel à la fois élégant, sans superflu et qu’on entretient à la cire d’abeille.
Observons du matériel de l’époque au travers d’un croquis:


Un appareil pour prendre les photos en 3d, et un autre pour les voir.

C’est ce curieux appareil sur la droite qui va nous intéresser.
Vous le voyez sur le croquis, il possède un bidule pour poser sa carte postale en relief. L’autre bout du dispositif est pourvu de lentilles, et le tout est équipé d’une poignée ou d’un pied pour le poser.

C’est ce qu’on appelle un Holmes Stereo Viewer, du nom de celui qui a réussi à en vendre le plus.

Ce petit appareil est très intéressant car il a deux particularités vraiment pas mal:

- le système repose sur des lentilles assez bizarres, un mélange entre des loupes et des prismes vraiment pratiques quand on veut reliefiser des trucs assez gros (des cartes assez grandes, à l’origine).

- le monde est peuplé de gens qui trouvent encore ce truc tellement génial qu’on peut en acheter, ou trouver des pièces détachées assez facilement.

Les lentilles bizarres ont donc la propriété de grossir ce qu’on regarde avec, d’une part, mais également de regarder un peu sur le coté.

Gageons que ce sera plus clair sur ce dessin qui montre (1) à quoi ça ressemble, puis le (2) fonctionnement délirant de ce truc, puis (3) le fonctionnement pas mal mais on peut faire plus délirant d’une loupe normale.


Du pur délire optique 19eme siècle style.

Je vous laisse quelques instants, le temps que vous vous précipitiez sur internet pour trouver ces merveilles et nous tacherons de trouver une application pratique.

 

Du taillage de crayon.

N’importe quel enfant -et si vous me lisez vous avez du être enfant un jour parce que c’est obligé- a déjà été émerveillé par un taille crayon qui marche super.
Ces fois où ça fait un petit serpentin super beau.


Genre tu tailles ton crayon, t’as vu la Sainte Vierge tellement c’est cool.

Cette acrobatie demande deux ingrédients essentiels: un taille-crayon tout neuf et un crayon bien.

Bien sur, les années passant, vous vous êtes posé deux questions:

1- Existe-t-il un plaisir équivalent maintenant qu’on est des grands ?

2- Peut-on tailler un crayon mieux que ça.

Si vous avez déjà essayé un rabot, vous allez me dire: “oui oui un rabot ça fait des petits serpentins trop jolis comme ça”.


En fait ça fait un serpentin pour le gag, en vrai ça fait des tranches.

Les copeaux de rabot sont tellement jolis qu’il est possible d’en faire un concours de copeaux.
Vous pouvez suivre ce lien pour une galerie de copeau-porn, si vous êtes curieux.

Question 1 résolue. Si vous kiffez les serpentins, achetez vous un rabot et une planche.

Un jour, j’avais un crayon vraiment plus trop taillé, mais j’avais posé mon taille crayon sur mon bureau et je ne savais plus où.
Dans l’urgence, je me contentai d’une éponge abrasive qui trainait dans un tiroir.


Une éponge abrasive.

Une éponge abrasive, c’est comme une éponge en mousse normale, sur laquelle on aurait collé du papier de verre mou. Ca se trouve au rayon peinture ou entretien du bois dans les magasins de bricolage, ça sert à tout c’est super.

Et ça taille les crayons plus calmement. On frotte la pointe sur l’éponge, et voilà c’est pointu !

Observez les deux illustrations ci-dessous:


1- un crayon taillé. 2- un crayon épongé

Le crayon fraichement taillé a toujours cette pointe qui raye le papier et qui pète deux secondes plus tard en laissant une pointe biseautée super pénible.

Le crayon épongé a ce qu’on appelle une pointe en mine d’obus qui présente l’avantage de ne pas être pénible des le début: le crayon ultra-taillé ne casse pas, ne raye pas, il glisse comme cinq minutes avant (quand il était tout émoussé) mais en laissant un trait super net.

Deuxième avantage: vous ne bouffez pas un centimètre à chaque taillage. Un crayon dure cinquante fois plus longtemps. Vous pouvez lui donner un petit nom parce que vous allez vivre de belles aventures pendant longtemps.

Troisième avantage: Vous possédez un crayon avec une vraie personnalité de crayon et qui ne ressemble à aucun autre.


C’est mon vieux pote, il a cinq ans et il est super.

Et ouais, OK, une prochaine fois je vous expliquerai comment je repasse mes timbres et comment je range mes gommes bien parallèles et je vous emmerde.