Saison 2

Si tout va bien, depuis la dernière fois, vous avez tous fait deux ou trois cents carnets avec tous les papiers du monde et vous en avez marre de coudre des trucs, du coup on va pouvoir reprendre tranquillement sur autre chose.

Juste le temps de dessiner une note et c’est bon.

En route
Une image que j’avais sous la main, du coup.
 

Dites que vous faites de la reliure (fin)

(Le reste de ces articles: Part 1 | Part 2 | Part 3 | Part 4)

Alors.
La dernière fois, je vous ai obligé à coudre des feuilles entre elles et j’espère que vous l’avez fait.

Vous êtes en possession d’une sorte de carnet de feuilles cousues, un truc assez lâche, vous sentez qu’il faut pas non plus tirer comme un petit fou dessus.

Comme vous comptez l’emporter avec vous dans votre sac pour noter des idées ou faire des dessins, vous allez le déglinguer et vous vous dites qu’il faudrait une couverture, enfin un truc quoi, enfin je sais pas enfin je veux dire.


L’objet et sa tranche (que vous sentez faiblarde) indiquée par une flèche.

Il va vous falloir maintenant de la colle à bois. C’est une colle super pour le papier et c’est trouvable absolument partout pour absolument pas cher.


La colle qu’il vous faut, et un résumé de la fabrication du papier qui explique pourquoi la colle à bois marche super sur le papier.

Voilà, maintenant, il va falloir trouver un genre de carton, de papier épais, un joli truc.

Vous allez créer un genre de pliage qui ressemble au dessin suivant. Votre paquet de feuilles va s’insérer dedans.
Vous pouvez mesurer, faire plusieurs essais, des brouillons. La seule mesure qui va compter c’est l’épaisseur du carnet: il faut que votre paquet de feuilles cousues rentre tranquillement la dedans.


Guest Star: Piero della Francesca est venu vérifier que j’ai bien réussi mes perspectives.

Vous avez remarqué que le carton est bien plié tout droit, dans mes dessins de couverture ?

Pour faire de belles pliures, les professionnels utilisent des outils en os de professionnels, ou des trucs en jade ou des trucs en or, mais nous allons utiliser le côté qui coupe pas du couteau ikea.

Ça marche presque pareil: A l’aide d’une règle, il faut juste faire une rainure visible pour écraser un peu le carton, comme si vous traciez un trait (mais avec un couteau) et plier après. Ça fait une belle pliure.


Un couteau ikea, une règle: pro.

Update: La jeune Clémentine me signale que “le stylo bille usé, ça marche aussi super pour le rainage, plus précis que le couteau ikéa!” alors je passe l’info.

Il ne vous reste plus qu’a blinder de colle le dos de votre futur carnet, puis de blinder de colle l’espèce de repli de la couve (je vous ai fait un dessin exprès pour savoir ou mettre la colle)


N’utilisez bien sûr pas de colle rouge fluo. C’est pour mieux voir.

Une fois que vous avez bien mis de la colle partout, vous fermez, vous mettez sous un ou deux trucs lourds et vous laissez sécher la colle.
Et voilà !

Si vous voulez des bords de carnet bien coupés bien propres, dans l’idéal, il vous faudrait un massicot.

Un massicot est une sorte de machine pourvue d’une énorme lame super tranchante qui permet de couper bien propre un paquet de cent feuilles sans souci. Tous ce que vous lisez (magazines, livres) est massicoté par l’imprimeur.
La particularité principale d’un massicot est de couter un bras minimum.


Un site de vente de massicot. Les prix sont prohibitifs.

Comme on est entre gros malins qui lisons ce blog, vous avez forcement une éponge abrasive parce que je vous ai obligé à en acheter une.

Vous pouvez donc coincer votre carnet entre deux planches (ou deux trucs assez rigides et auxquels vous ne tenez pas trop, parce qu’ils vont se faire un peu poncer aussi) et poncer la tranche. Ca marche super !

Vous allez obtenir la tranche de carnet la plus veloutée qu’il vous ai été donné de voir. Vous pouvez également faire des coins arrondis parce que ça s’abime moins vite.

Ca y est, vous avez un carnet que vous avez fait vous même.
C’est peut-être pas le plus beau du monde, il est peut-être un peu de traviole ou la colle a un peu bavé ici ou là. C’est pas grave, faites en un ou deux de plus et ça va aller mieux.

Ensuite, vous allez commencer à regarder le papier dans les magasins avec un autre oeil, en vous disant “est-ce que ce papier est carnetable tranquille ou pas?” ou “mince ce papier est génial, j’aimerais trop avoir un carnet avec le même” et vous allez chercher sur youtube comment faire des couvertures mieux, il y a de quoi faire.

Et sinon, j’avais prévu d’utiliser du tissus, au début. J’ai laissé tomber et je suis allé au plus simple, au plus fonctionnel. Je m’étais aussi juré de ne jamais faire de mode d’emploi de fabrication de trucs, c’est pas tellement le but de ce blog, c’est pas rigolo à faire, mais je me suis dit que ça valait le coup pour cette fois.

Bref, faites vos carnets, c’est les mieux, c’est du sur-mesure.

 

Dites que vous faites de la reliure (part 3)

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Vous avez vos petits bouts de feuilles pliés en deux, avec des trous bien propres dans la pliure. Vous les avez mis par deux, bref vous avez une certaine quantité de ceci:

Il va maintenant sortir le fil et l’aiguille.


“Youpi !”

Vous allez d’abord passer un premier coup dans votre premier petit groupe de feuilles.


Jusque là, tout va bien.

Vous posez un deuxième petit paquet au dessus, et vous repartez dans l’autre sens, comme ceci:


Jusque là, tout va toujours bien.

Super astuce: A partir de là, vous pouvez vous servir de pinces à linge pour tenir les feuilles déjà cousues !

A ce moment, vous pouvez tendre un peu le fil.

Pour tendre un peu le fil, je donne des petits coups en tirant tout doucement. Juste assez pour que le fil fasse un petit “ptoing” mais pas trop, sinon il coupe le papier.
L’idéal, c’est de faire une petite dizaine de “ptoing” légers. La couture va se tendre comme il faut.

Je vous montre:

Ça a l’air super technique mais ça va.

C’est maintenant qu’il va falloir être un peu sérieux.
Vous voyez que vous avez deux bouts du fil juste l’un au dessus de l’autre. Vous allez faire un nœud avec les deux bouts.

Voilà un schéma de la manipulation, réalisé avec un soin inouï pour que ça soit un peu clair:


Vous pouvez bien sur faire un double nœud, ça tiendra mieux.

Et après? Hé bien après vous reposez un autre paquet de feuilles par dessus, et vous repartez dans l’autre sens, comme représenté beaucoup moins clairement dans le dessin suivant:


Vous voyez quand même le principe, quoi.

Lorsque vous arrivez au bout, vous avez comme une envie de faire un nœud aussi ici, parce que vous vous dites que ça tiendra mieux.

Mais d’abord:

Voilà.

Vous allez faire comme sur ce dessin réalisé avec un soin inouï pour que ça soit un peu clair:


Ça fait un petit nœud, et on repart sur la quatrième couche. Vous faites le même noeud quand vous arrivez à un bout, et vous repartez dans l’autre sens avec un nouvel étage.

Au bout d’un moment, vous avez mis toutes vos feuilles, vous faites le dernier nœud, vous êtes contents. L’univers semble s’équilibrer.

Ensuite, il va falloir solidifier tout ça et faire une jolie couverture.

 

Dites que vous faites de la reliure (part 2)

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Depuis hier, vous avez eu le temps d’aller farfouiller dans vos tiroirs pour trouver ce dont nous allons avoir besoin.

Vous avez trouvé du papier, un truc pointu comme un compas et un petit couteau qui coupe pas super mais il a des dents (vous voyez le couteau ikea que personne veut parce qu’il coupe pas bien? Allez le chercher, c’est celui-là qui va vous servir).

Vous avez également mis de coté du fil et une aiguille, mais on va s’en servir plus tard.
On me signale que vous allez également avoir besoin de colle, mais ça sera encore plus tard, c’est pour ça que je n’en ai pas parlé, sinon vous pensez bien.

D’abord, vous allez plier votre feuille suivant la procédure suivante:

Une fois votre feuille pliée en deux, vous allez la couper en deux demies feuilles.

Pour cela, vous allez marquer le pli avec le manche du couteau pour qu’il soit bien plié comme il faut, puis vous allez couper votre feuille en deux suivant la procédure suivante:

1- vous tenez la feuille pliée avec la main.
2- vous coupez avec le couteau, comme si vous ouvriez une lettre.


Ikea, champions du monde de coupe-papier.

Vous allez vite trouver le bon angle de couteau pour que ça fasse une belle découpe.

Pourquoi ne pas utiliser un cutter ou des ciseaux ?

- D’une part, vous n’avez rien à mesurer. Vous pliez, vous coupez, c’est droit, ça marche.
- D’autre part, c’est joli.

Vous allez répeter l’opération avec les demies feuilles obtenues. Vous les pliez, vous les coupez, vous les repliez, vous les recoupez, et à un moment il va se passer ceci:


Une révélation.

A partir de là, vous ne coupez plus. Vous finissez votre tas de papier pour avoir plein de petits bouts pliés de cette taille. Cette taille qui est bien, et qui est celle que vous voulez.


Votre table devrait bien vite ressembler à ça.

Maintenant, il va falloir faire des petits trous dans la pliure pour pouvoir coudre tout ça sans se fatiguer. L’idéal, c’est que les trous soient bien allignés.
Vous allez donc fabriquer un genre de règle d’à peu près la hauteur de vos pages.
Vous faites des repères dessus, et vous allez vous servir de ça pour trouer toutes vos pages bien comme il faut.

-Quand je dis “fabriquer une règle”, j’entends “vous prenez un bout de papier qui traine et vous faites des repères dessus avec un bic”-

Voilà comment ça se passe:


La Règle (en haut) et son utilisation.

Vous prenez votre règle, vous alignez un coté avec le papier plié, et vous faites des petits trous avec votre compas au niveau des repères. Facile !

Dans l’exemple dessiné, j’ai représenté une règle pour un petit carnet. Si vous avez un doute sur l’endroit à trouer, regardez dans un livre cousu et faites pareil.

Vous faites ça avec tous les bouts de papier pliés, puis vous les emboitez deux par deux.


Une double page trouée, puis la double page emboitée dans une autre.

Demain, on fera de la couture alors je vais vous demander de ne pas vous coucher trop tard ou de faire les foufous cette nuit parce qu’il va falloir être un peu attentif.