Couper du bois.
Quand on a, comme moi, une expérience de la lutherie de type autodidacte, on classe le bois dans 3 catégories:
la grosse merde:
Cette catégorie est composée de bois tout pourris, comme le cageot ou les allumettes. On peut pas faire grand chose avec. La sapin, sans dec. Quel bois de merde.
Il se trouve qu’on peut en utiliser en lutherie, MAIS c’est pas le même. C’est du sapin de luxe et il est très particulier. Un cageot réalisé en ce sapin-là couterait très cher et serait très beau.
Les ouais ok mais bon:
C’est l’ensemble de tout ce qui sert à fabriquer des chaises ou des manches à balais, genre. Alors on peut en trouver sous forme d’étagères chez Casto, mais on a envie d’en faire des étagères. C’est le hêtre par exemple.
C’est un avis personnel, mais je me demande si il existe un bois plus tarte que le hêtre.
Le contreplaqué:
C’est très très moche mais c’est magique mais c’est moche.
Alors quitte à acheter du bois, autant en trouver du beau. J’étais parti pour ne pas faire des guitares en coca-cola, souvenez-vous.
C’est à ce moment que vous trouvez du noyer, de l’érable, de l’ébène, de l’acajou, tout ça.
Rien que le nom, déjà.
Bref. Après acquisition de quelques échantillons, la connaissance des bois est mise à niveau avec de nouvelles infos.
Notamment sur la facilité de travail de chaque essence.
Parmi les sortes de bois représentées sur l’image suivante, une seule peut s’agrafer pour monter un cageot.
Les autres sont des putes qui veulent votre mort.
Mon matériel pour m’attaquer à tout ça:
Un modèle de scie courant qui traine dans un coin de la maison.
J’ai coupé mon premier manche en érable avec une scie comme ça.
Sans rire, j’ai passé deux heures pour couper 12 centimètres. Je le suis dit ensuite en passant mes mains sous l’eau fraîche en pleurant qu’il fallait que je trouve une solution.
La première solution: plus jamais du putain d’érable cette pute.
La deuxième: il va me falloir du matosse un peu plus sérieux.
Quand vous pensez “achat de matériel”, une image un peu comme ça vous vient à l’esprit:
“En route pour le rayon scies à métaux et visserie générale!”
Vous achetez une scie pas chère:
Un modèle de scie courant qui traine dans un coin de la maison (neuf).
Vous pleurez parce que ça coupe pas l’érable. Ok c’est une scie à métaux mais elle était quasi-donnée.
En cherchant un peu comment faire, je tombai sur tout un tas d’outils japonais.
Les japonais ont plein de bonnes idées de méthodes de fabrication ancestrales de plein de trucs fabriqués à la main par des vieux maitres, un truc dans le genre.
Maintenant quand je pense “achat d’outils” je pense d’abord par aller voir si un japonais ancestral a eu une super idée à propos de ça.
“En route pour fabriquer une scie par an, mais une bonne scie.”
Je fis l’acquisition de deux trois trucs qui m’ont sauvé les bras, dont La Scie Japonaise qui coupe sa race:
Houuu attention les doigts !
Si vous avez l’occasion de couper des choses de temps en temps, n’hésitez pas. Achetez une scie comme ça.
Ça ne se trouve pas exclusivement au japon, et en fait c’est même pas très cher.
C’est une scie très fine, très souple, avec un manche démesuré et de toutes petites dents qui coupent.
Observons cette scie couper une planche d’érable:
Et voilà le travail !
Grace au japon et ses outils ancestraux, je parvint à finir mon premier et dernier manche en érable. Merci le Japon.