La musique. Oui, la musique.
La musique. Oui, la musique.
Je voulais faire une petite intro sur l’amour de la musique, la tristesse d’un monde où la batterie du lecteur de mp3 vous lâche dans le métro, l’envie que tous les gens du monde arrêtent de dire que ce qu’écoutent les autres c’est naze.
Je parlais des Amateurs de la Vraie Musique, des spécialistes, des œnologues du jazz, des jeunes qui découvrent, des vieux qui regrettent, la chanson qu’on aime bien mais on le dit pas parce qu’on a l’air con, tout ça.
En fait je me fatiguais tout seul, et j’étais même pas en train de me relire. Je vais passer sur l’intro pleine de sens.
Est-ce que vous remarquez quelque chose de super dans cette image, tirée de “le grand blond avec une chaussure noire” ?
Le grand blond avec une chaussure noire est hors-cadre.
Exactement: Les murs de l’appartement sont couverts d’instruments de musique.
C’est quelque chose qui m’a toujours fasciné dans ce film: l’appartement de Pierre Richard. Les puristes objecteront que nous voyons ici l’appartement de Mireille Darc, mais ça n’a pas d’importance. Je vous avoue que j’avais la flemme d’aller ripper le DVD juste pour faire une capture d’écran.
Et il y a un truc qui me fascine plus que la musique, c’est les instruments de musique.
Ici devait se trouver un développement de l’intro très joli, où je comparais les instruments avec des objets magiques directement reliés à l’âme des gens, c’était très poétique mais j’ai même pas commencé à l’écrire tellement c’était con. Vous voyez le message, quoi: très joli.
Depuis tout petit, je fabrique des instruments de musique.
Normalement, si vous avez un jour été en possession de ces objets, vous avez aussi fabriqué des instruments de musique:
Une bouteille de coca, une branche, un élastique, un clou.
Si vous avez été un enfant normal, vous avez fait le montage suivant: La guitare super.
Une guitare fort passable.
Si vous vivez dans un monde gouverné par les mêmes lois de la physique que moi, votre guitare super devait ressembler à ça:
Loi universelle de l’élastique tendu sur branche un peu molle.
Si vous avez réalisé une guitare super, et je vous le souhaite, vous avez éprouvé l’étrange sensation de tirer une note de musique à partir du contenu d’une poubelle, d’un jardin et d’un fond de tiroir.
Je dis “une note” parce qu’en l’occurrence jouer toute la gamme, c’est assez technique sur un instrument de ce type.
Un moment de grâce. Merci coca, merci les arbres, merci les élastiques, merci les clous.
Personnellement, ce genre d’expérience m’a marqué.
Un jour, j’ai récupéré des cordes pétées qu’un ami guitariste venait de changer. En possession de vraies cordes de vraie guitare, il ne restait plus qu’a faire le reste de l’instrument pour avoir moi aussi une guitare munie de vraies cordes.
Pour la première fois, j’ai décidé de laisser tomber la récup de fond de poubelle et j’ai élaboré un objet digne de vraies cordes de vraie guitare.
Guitare. Bois, métal.
Quelques remarques sur ce modèle:
Parfaitement au courant des lois de la physique des instruments à corde, j’ai élaboré une structure rigide composée de contre-plaqué et tasseaux de section carrée cloués ensemble pour une plus grande solidité. Le manche, composé de barres de sapin brut doublé et vissé est resté rectiligne à ma grande surprise.
La tête de l’instrument reste sobre, percée seulement de trois trous, que traversent trois chevilles efficaces bien que rudimentaires.
Les trois chevilles mettent en tension trois cordes en acier, suivant un accordage techniquement appelé “open tuning” mais qu’on peut qualifier de “roule ma poule”.
Les trois cordes d’acier sont reliées à l’autre bout à trois clous (solides) et les vibrations sont transmises à la table d’harmonie grâce à astucieux chevalet de contre-plaqué. Comme un banjo ou un violon, quoi.
En revoyant le dessin que je viens de faire, un détail me revient, j’avais oublié: il y a un des coins de la caisse qui est coupé en biais. Impossible de me souvenir si la planche avait cette forme à l’origine ou si c’était une coquetterie de ma part.
Bon, vous me croirez si vous le voulez, mais ça sonne mieux que ce que la description pourrait le laisser présager.
Je l’ai encore, il faudrait que je fasse des photos… (Maman, si tu me lis…)
Voilà, demain je vous raconterai une histoire de tringle à rideau et de basse.